ÉPISODE 12 : Les dessous des ateliers de confection

ÉPISODE 12 : Les dessous des ateliers de confection

Comment reconnaître un costume/tailleur de qualité ? Beaucoup d’entre vous ont pu se poser la question. 

Aujourd’hui nous vous retrouvons pour vous en dire plus sur ce sujet. Pour s’assurer de la qualité de votre pièce, plusieurs critères entrent en jeu : les matières, le type de montage, les détails présents ou encore l’atelier de confection. 

Dans cet épisode, nous ferons un zoom sur les pays experts dans la confection de costumes et tailleurs. 

MAIS AVANT DE COMMENCER, FAISONS UN ÉTAT DES LIEUX

La domination de l’Asie et des pays de l’Est dans la mode

Ce n’est plus un secret pour personne, nos vêtements ont fait le tour du monde avant de finir dans nos placards. C’est dans les années 2000 que tout s’est accéléré. Une majorité des ateliers français s’est délocalisée pour s’implanter en Chine et ce pays s’est rapidement imposé comme le premier fournisseur de l’habillement de l’Union Européenne, avec un record de 26,8 milliards d'euros de marchandises exportées en 2019.

Mais délocaliser les ateliers pour être toujours plus compétitif et permettre aux enseignes de proposer des vêtements toujours moins chers, se fait forcément au détriment de quelque chose. En l’occurrence ici, nous parlons d’êtres humains et de leurs droits fondamentaux

Cela ne concerne pas uniquement les acteurs majeurs du textile ; les marques proposant du haut de gamme sont tout autant impliquées. Elles font fabriquer chacune de leurs collections dans ces pays, privilégiant ainsi la quantité à la qualité, ce qui est en soi contraire à leurs valeurs. 

Depuis quelques années, la Chine et plus généralement les pays asiatiques sont devenus moins attractifs pour les marques ; certains pays de l’Est ont ainsi intégré l’équation et apparaissent comme le nouvel eldorado.

Prenons le cas de la Bulgarie, où 2 500 ateliers sont mobilisés par les groupes de mode comme Inditex, H&M ou encore Hugo Boss. Ces marques ont choisi la Bulgarie pour plusieurs raisons.

La première est financière, évidemment. La main d’œuvre est l’une des moins chère d’Europe. Pour 8h par jour, le salaire est de 210€, soit le minimum légal, pouvant aller jusqu’à 230€ par mois (contre 291€ en Chine). Tout cela sans compter les nombreux emplois non déclarés.

En Bulgarie, le coût de production d’un pantalon varie de 15 à 27€, tissu et livraison compris, pour être vendu par la suite 150€ en France. Jusqu’à 5 000 pièces sont confectionnées par jour dans ces ateliers… on vous laisse imaginer la marge réalisée par les marques…

Il y a ensuite les délais de fabrication, bien moins importants que si l’on traite avec la Chine. 3 semaines sont nécessaires en Bulgarie contre 8 en Chine. Et l’ultime avantage de la Bulgarie ? Les marques faisant produire là-bas bénéficient du Made in Europe sur leurs étiquettes et cela malgré les conditions précaires subies par la main d’œuvre.

 

La place du Made in France et Made in Portugal 

Le Made in France

Pour qu’un vêtement soit considéré Made in France, il faut qu’au moins 45% de sa valeur ajoutée ait été produite sur le sol national. Seulement 13% des vêtements vendus en France sont fabriqués en France ! Un constat consternant, n’est-ce-pas ?

Mais comment en sommes-nous arrivés à ce chiffre ?

Historiquement, la France est pourtant une terre de savoir-faire textile et à une époque l’emblème de la mode. De nombreux ateliers de confection étaient implantés, mais la délocalisation a fait perdre au pays 2/3 de ses ateliers. Les plus résistants se sont battus pour faire perdurer ce savoir-faire français, comme l’atelier France Manufacture

La production française garantit la qualité et respecte la proximité à plusieurs niveaux, mais elle est réputée pour son coût de production légèrement plus élevé que dans les autres pays européens. Et on sait de quoi on parle. Nous nous sommes renseignés pour produire nos costumes dans le seul atelier français ayant les savoir-faire requis mais la réalité économique nous a vite rattrapés. Il aurait fallu vendre nos costumes plus de 1 000€ pièce si nous voulions une confection française… cela était rédhibitoire

 Couturière pendant la confection des patrons des costumes

Couturière d'un de nos ateliers au Portugal 

Le Made in Portugal, le nouvel eldorado des marques

Les premiers ateliers portugais ont ouvert à la fin du 19 siècle, marquant ainsi les débuts de leur savoir-faire textile. Délaissé lorsque tous les ateliers ont été délocalisés en Chine, le Portugal a su redevenir attractif ces dernières années.

Produire au Portugal, c’est avoir la garantie de meilleures conditions de travail grâce au cadre réglementaire européen, répondant ainsi aux normes sanitaires et environnementales comme pour les ateliers français, ce qui n’est pas le cas en Bulgarie.

Bien que les salaires portugais soient inférieurs aux salaires français, ils permettent tout de même aux ouvriers et aux ouvrières de vivre convenablement.

Le Portugal a saisi l’opportunité de travailler avec des marques françaises et européennes prônant la qualité et adoptant une démarche éthique pour la fabrication de leurs vêtements, chaussures et accessoires. Il est donc plus facile pour une jeune marque de trouver un atelier acceptant de produire en plus petite quantité et de communiquer avec lui.

 

Deux évènements récents ont relancé ou accéléré la production textile française et portugaise : la Covid-19 et plus récemment, la guerre en Ukraine.

La fermeture des usines en Chine et en Ukraine a rapidement obligé les marques à repenser leur manière de produire et à chercher une alternative aux pays de l’Est, par peur d’avoir des soucis de production. La solution ? Travailler avec des ateliers dans des régions plus proches, mais cela a forcément un coût et une répercussion sur les marges réalisées. Seront-elles prêtes à s’orienter vers la France ou le Portugal et avoir une marge moins conséquente ?

Certaines marques n’ont pas hésité à se tourner vers des ateliers français et surtout portugais, qui sont depuis quelques mois surchargés de commandes. Ces évènements ont permis à la France, au Portugal et à d’autres pays européens de redevenir petit à petit des acteurs majeurs de l’industrie textile.

Pour autant, la fin des ateliers asiatiques est loin d’être actée car les usines françaises et portugaises n'ont pas encore les capacités de produire des volumes qui pourraient concurrencer les marchés asiatiques ; elles possèdent cependant l’atout de la flexibilité qui permet de fabriquer de petites quantités sur mesure, avec des délais plus courts.

Tout cela bien sûr avec un savoir-faire et une qualité inégalables, dans le respect des conditions de travail tout en limitant l’impact environnemental.

Peut-être sommes-nous sur la voie d’un nouvel équilibre de l’industrie textile ?

 

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